La quête de la justice… Voilà une noble cause qui a fasciné l’Homme depuis qu’il a appris à former une pensée cohérente (enfin, dans le meilleur des cas). Mais bien sûr, la réalité est bien plus amusante : chacun a sa petite définition du « monde juste ».
Evidemment, il n’existe pas de consensus.
Prenons d’abord le monde de l’Homme soumis, où nous passons la majeure partie de notre temps à suivre des règles que nous n’avons jamais vraiment choisies. Le travail, les obligations, le fameux « système » — tout ça ressemble à une immense partie de Monopoly où les dés sont pipés.
Ensuite, un classique des classiques : l’Homme coupable selon Augustin d’Hippone. Ah, la bonne vieille culpabilité, ce délicieux sentiment d’avoir constamment fait quelque chose de travers, même si on ne sait pas trop quoi. La justice ? Une affaire de rédemption divine, évidemment. On aurait dû mieux se comporter, mais c’est trop tard, n’est-ce pas ?
Passons à Spinoza, avec son approche lumineuse où l’Homme est déterminé par la nature. Autrement dit, vous pensez avoir le choix ? Spoiler numéro deux : vous êtes un petit engrenage dans une machine cosmique bien huilée. La justice ? C’est d’accepter son sort en bon stoïcien et de laisser la nature faire son job.
Leibniz arrive avec son concept du meilleur des mondes possibles. Selon lui, tout est déjà optimisé — c’est juste que vous n’avez pas encore reçu la dernière mise à jour pour comprendre comment. Injustice, catastrophes ? Eh bien, ce sont des fonctionnalités, pas des bugs. Comme on dit, « c’est pour ton bien ».
Puis Nietzsche, jamais en reste, débarque avec son monde sans autorité. Il propose de balayer toutes ces idées préfabriquées et de se construire une morale sur mesure. À quoi bon la justice telle qu’on la conçoit ? Créez vos propres règles et arrêtez de vous plaindre ! Après tout, la liberté, c’est sympa, sauf quand il faut en assumer les conséquences.
Enfin, un grand merci à Everett, qui nous fait rêver avec ses mondes multiples. Imaginez toutes ces réalités parallèles où vous pourriez être roi, artiste ou peut-être même capable de respecter vos résolutions du Nouvel An. Chaque décision génère un nouveau monde, alors pourquoi se soucier de la justice dans celui-ci ? Il y en a probablement un autre où tout va bien.
Le monde te demandera qui tu es, et si tu ne sais pas, le monde te le dira.
Carl Jung.
La justice dépend donc essentiellement de l’angle d’attaque : soumis, coupable, déterminé ou carrément affranchi, à chacun sa vision. Mais soyons honnêtes, il est peut-être temps d’accepter que la justice parfaite, comme les licornes, c’est un mythe sympa, mais peu probable.
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